Jeudi 19 février, une grande manifestation aura lieu et nous vous invitons vivement à venir nous rejoindre pour défiler tous ensemble sous une pancarte ou une banderole de l'UFR des Etudes germaniques ou de la section scandinave. Pour ceux qui se demandent pourquoi, nous avons prévu un explicatif accessible un peu plus bas.
J'ai pensé qu'il serait amusant de poursuivre en même temps notre réflexion sur le mythe viking. C'est pourquoi j'ai décidé de défiler en costume viking sous l'inscription : A furore Sarkozi libera nos domine. Il s'agit d'une petite parodie de la célèbre prière qu'on récitait dans les régions ravagées par les raids vikings. A furore normannorum libera nos domine veut dire "Seigneur, délivre-nous de la fureur des Normands". Si vous avez des tenues, n'hésitez pas à venir en Viking !!! J'ai deux tuniques XL s'il y a des intéressés. Elles ne sont pas du tout chaudes, alors il faut prévoir des gros pulls à mettre en dessous. Même si vous êtes équipés, ne mettez pas de chaussures histo. Les manifs requièrent des chaussures confortables ! Nous ne devrions pas passer inaperçus en tout cas. Nous vous donnons rendez-vous dans la cour du Centre Malesherbes jeudi à 11h pour fabriquer ensemble pancartes et banderoles et pour trouver d'autres slogans incisifs !
Alors, pourquoi manifester ? Pour résumer très brièvement les gros changements qu'entraîne l'application de la loi LRU (loi sur les libertés et responsabilités des universités) :
1. masterisation des concours CAPES et agrégation. Avant, vous pouviez vous présenter à ces concours avec une licence (pour le CAPES) et une maîtrise (pour l'agrégation). Maintenant, il va falloir être détenteur d'un M2. Seule la combinaison du concours et d'un M2 vous permettra de prétendre à un emploi stable (sachant qu'une bonne préparation de l'un et de l'autre est impossible selon les délais impartis par le décret). En attendant, les détenteurs du concours ou du diplôme uniquement ne pourront être que des vacataires malléables et ne bénéficiant d'aucune protection. Sachez aussi qu'avant, lorsque vous étiez formés à l'IUFM au métier d'enseignant / instituteur, la dernière année était une année de stage rémunérée. Cette année de professionnalisation rémunérée a été supprimée. Ce projet n'a qu'un seul objectif : celui de faire des économies (de bouts de chandelle???) d'ici l'horizon 2010. Il ne s'agit en aucun cas d'une réforme réfléchie, destinée à améliorer le quotidien des étudiants, des enseignants et de l'Enseignement en général.
2. réforme du statut des enseignants-chercheurs. Plus un enseignant à l'université publie, moins il donnera de cours. Les maîtres de conférence, qui commencent leur carrière et n'ont encore que peu publié, ne seront pas encouragés à faire de la recherche. Leur charge de cours sera telle qu'ils n'auront plus le temps de participer aux colloques, ni de publier des articles. Il est absurde de séparer enseignement et recherche : ils se nourrissent l'un et l'autre. Les présidents d'université auront tous les pouvoirs pour décider quels domaines de recherche ils veulent privilégier. Si un sujet ne les intéresse pas, ils chargeront davantage l'enseignant et ils enlèveront des heures d'enseignement à celui dont ils veulent encourager les recherches. Pas besoin de vous dire que les petites langues ne seront pas promues ! C'est la fin de l'indépendance intellectuelle et scientifique et le début de la rentabilisation et de l'utilitarisme des études et de la recherche.
L'action qui a été retenue jusqu'ici à la Sorbonne est la "grève active", c'est-à-dire que les professeurs assurent une présence à l'université, sans toutefois faire cours. Soit ils organisent des débats, soit ils choisissent de parler de sujets qui ne sont pas véritablement au programme. Le cas du Centre Malesherbes est un peu particulier, puisque les salles sont fermées depuis une semaine. Le personnel administratif et technique, ce qu'on appelle le personnel BIATOS (bibliothécaires, appariteurs etc...), s'est en effet mis en grève aussi. La grève a été reconduite cette semaine encore. Il n'y aura donc pas cours avant le 2 mars (vacances du 23 au 28 février). Plusieurs activités sont organisées à Paris par les différentes universités ; nous vous transmettons le programme pour la semaine.
Encore une fois, il est essentiel que nous exprimons notre mécontentement et inquiétude face à ces réformes sauvages. Elles constituent une remise en cause totale du principe de l'égalité d'accès aux études. Avec l'autonomie des universités, ces dernières vont décider seules des frais d'inscription. Parmi vous, certains n'auront peut-être plus les moyens de faire des études. Nous sommes exaspérées par les contre-vérités et les mensonges présentés par le gouvernement qui exprime le mépris le plus total envers les négociations proposées par l'Université au préalable et envers les véritables besoins des étudiants et de l'Université. Il semblerait en ce moment que le président Sarkozy soit prêt à faire des concessions en ce qui concerne la réforme du statut des enseignants-chercheurs, mais il refuse de céder sur la masterisation des concours. Il faut donc absolument continuer à se mobiliser, manifester et reconduire la grève. Ce n'est pas le moment de baisser les bras !!! Rappelez-vous que les lycéens sont parvenus à faire reculer Darcos. Nous devons tous nous montrer solidaires et se serrer les coudes.
Dans une chronique publiée le mardi 10 février dans Le Monde, Gérard Courtois conclut (et ce sera aussi la conclusion de ce très long mail !) :
"[...]entre le pouvoir et l'université, il y a plus qu'un malentendu : une fracture entre deux modèles, un affrontement entre deux philosophies. L'un des deux devra céder. Il n'est pas encore dit lequel. Ce sont probablement les étudiants qui en décideront, en rejoignant ou non la révolte des professeurs."
Nous comptons donc sur vous jeudi à 11h !!! N'hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions ou si vous avez de suggestions à nous faire.
Amicalement,
Frédérique Harry et Caroline Olsson (portable : 06 18 54 00 56)