J'ai bien peur que ce documentaire ne soit déjà dépassé
L'Islande nationalise une autre banque et ferme sa BourseREYKJAVIK (Reuters) - L'Islande a nationalisé sa première banque, Kaupthing, afin de consolider son système bancaire, et a annoncé la fermeture pure et simple jusqu'à lundi de son marché boursier.
Après Landsbanki et Glitnir, la prise de contrôle de Kaupthing porte à trois le nombre d'établissements bancaires islandais passés dans le giron de l'Etat.
La suspension des cotations de l'ensemble des actions de la Bourse de Reykjavik - filiale du groupe américain Nasdaq - a été justifiée par des "conditions inhabituelles".
Les difficultés rencontrées par l'Islande sont telles que le Premier ministre Geir Haarde n'a pas hésité à agiter le spectre d'une faillite de l'Etat.
Il a appelé jeudi les épargnants à ne pas retirer de fortes sommes de leurs comptes en banque, ce qui selon lui ne ferait qu'aggraver la crise.
"Je veux insister sur la nécessité de garder le calme et de comprendre que le système de transactions fonctionne normalement, et que les dépôts sont en sécurité", a-t-il assuré.
Haarde a indiqué avoir parlé avec le ministre britannique des Finances Alistair Darling, qui lui a affirmé que les transactions entre leurs deux pays reprendraient bientôt leur cours normal.
Les investisseurs britanniques se tournaient volontiers vers les banques islandaises avant la crise, et les Islandais ont été choqués de voir Londres utiliser une loi anti-terroriste pour geler les actifs de Landsbanki.
CONTAGION FULGURANTE
Avec 300.000 habitants, l'île de l'extrême-nord de l'Europe incarne à elle seule l'éclatement de la crise du crédit. Ses banques se sont développées de manière spectaculaire à l'étranger, tandis que les investisseurs prenaient de larges positions sur la couronne islandaise, une monnaie à haut rendement, provoquant une pluie de devises sur le pays.
La Banque centrale a vainement tenté de soutenir sa monnaie avant de demander un prêt d'urgence à la Russie.
Kaupthing a annoncé la démission de son conseil d'administration et expliqué qu'elle avait demandé à passer sous le contrôle de l'Etat. Signe de la rapidité de la contagion de la crise à l'Islande, la direction de Kaupthing assurait le 26 septembre encore que l'établissement "allait bien" et que ses résultats au troisième trimestre seraient bons.
Le coup de grâce est intervenu lorsque la Grande-Bretagne a transféré à ING Direct le contrôle des activités de Kaupthing Edge, sa filiale de banque en ligne, et placé les activités britanniques de Kaupthing sous contrôle étatique.
L'autorité islandaise de surveillance des marchés (FME) a indiqué que les dépôts nationaux placés chez Kaupthing étaient intégralement garantis, que toutes les agences nationales, centre d'appels poursuivraient leurs activités, et que les opérations sur distributeurs automatiques et internet seraient maintenues.
"La décision prise par le FME est une première étape nécessaire afin de d'atteindre les objectifs fixés par le gouvernement islandais et par le Parlement afin d'assurer les bon fonctionnement des opérations bancaires nationales et la sécurité des dépôts nationaux", a indiqué le FME.
ANXIÉTÉ
Peu à peu, les Islandais s'accoutument au fait que leur économie, jadis éclatante, s'était écroulée en quelques jours.
"Partout, on entend des gens dire 'nous devons changer notre mode de vie'", rapporte Birgir Asgeirsson, pasteur à l'église Hallgrimur de Reykjavik.
"Maintenant, ils vont devoir retourner dans la cuisine de leur mère et apprendre comment cuisiner le poisson. Je sens beaucoup d'anxiété chez les gens auxquels je parle. Ils ne savent pas ce qui les attend."
L'Islande a confié de larges pouvoirs à l'Etat afin que ce dernier soit en mesure de dicter leur conduite aux banques et de lui permettre de favoriser les fusions, voire de contraindre un établissement bancaire à se déclarer en état de faillite.
Le gouvernement y a recours afin de démettre le conseil d'administration de Landsbanki et de placer la banque sous administration judiciaire. Glitinir, puis Kaupthing sont ensuite passés sous contrôle de l'Etat.
Le Premier ministre a déclaré que l'Islande payait sans doute sa volonté de boxer dans une catégorie qui n'était pas la sienne.
"Ce que nous avons appris (...) est qu'il n'est pas sage pour un petit pays d'essayer de jouer un rôle de leader dans le domaine de la banque internationale", a-t-il dit lors d'un entretien accordé à plusieurs agences de presse.
Il a également indiqué qu'il n'avait pas requis l'aide du Fonds monétaire international, qui a envoyé une délégation à Reykjavik, tout en reconnaissant que cela restait une option.